Description
La construction d’Altaripa, copie moderne (ou réplique) d’un chaland gallo-romain long de 20 m datant du 2e siècle après J.-C., est basée sur l’analyse d’une découverte réalisée en 1970 dans la baie de Bevaix, lac de Neuchâtel (voir à ce propos les volumes 12 et 13 de la sérieArchéologie neuchâteloise).
Ce vaste programme d’archéologie expérimentale a nécessité l’équivalent de huit mois de travail à une équipe de six personnes pour récolter la matière première (un mois), la transformer (quatre mois) et assembler le chaland (trois mois). En tout 64,8 tonnes de bois, presque exclusivement du chêne, ont été amenées sur le site pour la construction de cette embarcation qui ne pesait, en fait, plus que 7 tonnes lors de sa mise à l’eau. La sélection et l’acquisition de la matière première, son façonnage (à la hache, à l’herminette ou à l’aide d’une énorme scie de long), l’assemblage des divers éléments ainsi obtenus ont fait l’objet d’une riche documentation iconographique à laquelle il a été largement recouru pour cet ouvrage (216 photographies en couleurs).
Chaque étape, minutieusement décrite, a été source de nouvelles réponses concernant les processus de construction du bateau, à savoir :
- les problèmes rencontrés pour se procurer le bois destiné à la membrure ;
- le rôle joué par le hanneton pour localiser les sites d’approvisionnement en chênes ;
- le temps nécessaire à une branche pour atteindre des dimensions permettant son exploitation ;
- les difficultés résultant du sciage de long d’arbres atteignant un mètre de diamètre ;
- le forgeage de plusieurs milliers de clous, grands et petits ;
- l’identification des concepts de construction régis par l’assemblage sur sole (fond plat du bateau) ;
- le cintrage à chaud d’énormes planches en chêne ;
- l’assemblage à franc-bord des flancs ;
- le recours à un calfatage à base de mousse.
De la sorte, il a été possible de mettre en lumière les spécificités de l’architecture navale celtique (qui se révéle fondamentalement différente de celle que l’on pratiquait sur la Méditerranée ou en Scandinavie à la même époque), mais aussi leurs étroites similitudes avec les techniques de construction de l’âge du Bronze.