Description
Ce volume est consacré à l’analyse approfondie des trois tonnes et demie de tessons de céramique qui proviennent du site de Saint-Blaise/Bains des Dames (canton de Neuchâtel, Suisse). Fouillé de 1986 à 1988 lors de la construction de la route nationale A5, ce gisement a livré les vestiges de plusieurs villages qui se sont succédé sur le même emplacement au cours du Néolithique final (entre 3140 et 2540 avant J.-C.). Le cadre général de l’étude est défini par les complexes culturels auxquels appartiennent les objets mis au jour, à savoir les cultures de Horgen, Lüscherz et Auvernier-Cordé. Un certain nombre de sites de référence sont également pris en considération.
Les tessons ont tout d’abord été étudiés en tant que tels (proportion de bords droits, rentrants, évasés ou sinueux ; de fonds plats, ronds ou arrondis…). Leurs décors ont été examinés et classés sur la base de cinq techniques distinctes (incision, impression, modelage, application, perforation), dont l’occurrence varie significativement au cours du temps. Ensuite, les tessons ont été mis en œuvre pour les remontages. Les 196 profils complets finalement reconstitués ont fourni un ensemble représentatif des formes et motifs en présence, et ont également permis d’étudier l’emplacement, l’orientation et la composition des motifs sur les différentes parties des récipients. L’analyse de la dynamique de dispersion spatiale des fragments issus d’un même pot a, enfin, offert l’opportunité d’une mise en rapport des artefacts et du mode de sédimentation des dépôts qui les englobaient.
Il n’a pas été possible de définir, du point de vue stylistique, la production d’une maisonnée par rapport à celle d’une autre, et donc de vérifier, à partir des assemblages, l’hypothèse selon laquelle la céramique serait une production familiale ou celle d’artisans spécialisés. Toutefois, les analyses physico-chimiques établissent que la céramique a été produite sur place et qu’elle est constituée, pour l’essentiel, de pots servant à la cuisson de la nourriture. En matière d’évolution des céramiques, le corpus réuni à Saint-Blaise/Bains des Dames montre que la mutation des formes et des décors constatée entre Lüscherz et Auvernier-Cordé ne s’est opérée ni de façon brusque, ni selon un processus continu : entre deux longues périodes de stabilité, une phase d’aléas, vraisemblablement climatiques, a induit un contact social entre deux ethnies, lequel a progressivement conduit, en l’espace d’une ou deux générations, à un changement culturel se traduisant par une modification sensible du style des céramiques.