Description
Les interventions de sauvetage effectuées dans la partie ouest du canton de Neuchâtel (Suisse) préalablement au passage de l’autoroute A5 constituent un projet pionnier tant par l’importance des moyens mis en œuvre et le nombre des spécialistes impliqués que par les types de gisements analysés et le mode de collaboration des intervenants. Le 36e volume de la collectionArchéologie neuchâteloise expose les résultats d’une étude interdisciplinaire menée sur le gisement de Bevaix/Les Pâquiers, qui occupe la zone centrale du plateau de Bevaix.
Ce site de quelque 16 000 m2 se distinguait par une géologie très complexe, principalement composée de colluvions, et une relative pauvreté de vestiges. Faisant appel aux compétences des archéologues aussi bien qu’à celles des spécialistes de l’environnement et des sciences de la terre, à l’instar du travail mené sur l’ensemble du plateau de Bevaix et du delta de l’Areuse, les recherches se concentrèrent sur l’analyse de l’environnement rural de même que sur celle des interactions entre l’homme et son milieu naturel. Consacrées à des terrains qui sont davantage des zones anthropisées que des sites archéologiques au sens usuel du terme, de telles démarches apparaissent souvent comme les parents pauvres des travaux archéologiques plus classiques (menés par exemple sur les habitats, les nécropoles ou les centres de production). Pourtant, les résultats obtenus aux Pâquiers allèrent bien au-delà des espoirs que semblaient autoriser les premières investigations de terrain ; ils permirent de mettre en lumière un faisceau d’éléments ténus qui, une fois associés, formèrent le canevas d’une véritable archéologie des terroirs.
Tout au long de ces pages, le lecteur assistera aux modifications que connurent le relief du terrain et le couvert végétal, ainsi qu’à la lente mutation des activités humaines que jalonnent les nombreuses phases d’occupation et d’abandon du gisement durant l’ensemble des époques préhistoriques, protohistoriques et historiques. Cette étude met également en lumière la persistance dans le paysage actuel de divers éléments d’aménagement du territoire datant de l’époque gallo-romaine. Finalement, ces travaux démontrent à l’évidence qu’il est désormais tout à fait envisageable de présenter, en milieu terrestre, une image diachronique complète de changements environnementaux couvrant plusieurs millénaires – une dynamique qui semblait jusqu’alors réservée aux sites lacustres.