Description
Le tome 40 de la collection Archéologie neuchâteloise est consacré au village Cortaillod classique d’Hauterive-Champréveyres, en Suisse – et plus spécifiquement aux haches et aux herminettes en roches tenaces mises au jour sur le site. Édifié sur les bords d’un plan d’eau alors isolé du lac de Neuchâtel, cet établissement a connu une unique occupation au début du IVemillénaire, datée de 3810 à 3790 avant J.-C. par la dendrochronologie. Une transgression durable des eaux a empêché par la suite toute autre implantation néolithique au même emplacement, préservant ainsi l’organisation générale des vestiges. Ces circonstances, jointes au fait que le site a été fouillé de manière exhaustive, font d’Hauterive-Champréveyres un témoin exceptionnel du Néolithique moyen subjurassien.
L’étude du mobilier en roches tenaces a été abordée sous plusieurs angles : typo-morphologie, technologie, matières premières, répartition spatiale. L’intégralité de la chaîne opératoire a été reconstituée – de la récolte des galets à la hache polie terminée, voire réparée une fois endommagée. La détermination des roches a concerné l’ensemble du corpus – éclats bruts y compris. Elle a démontré que les habitants du site avaient recours aux ressources régionales, fournies par les apports glaciaires, pour confectionner leurs outils (serpentinite, éclogite, gabbro de l’Allalin), mais qu’ils se procuraient aussi, dans le même temps, et sans aucune nécessité pratique, des haches en roches noires d’origine vosgienne et quelques jadéitites provenant des Alpes italiennes. Ces pièces appartiennent au domaine des artefacts socialement valorisés, et attestent la pleine insertion du village dans des réseaux de circulation de biens.
Grâce à la restitution du plan général des constructions, les activités néolithiques ont pu être abordées par l’analyse spatiale. Si les déchets de production sont associés à des habitations ou à des annexes et suggèrent une fabrication par et pour les maisonnées, quelques objets ont pu passer d’une unité domestique à une autre. Enfin, en analysant la structuration générale de l’espace villageois, il a été possible de mettre en lumière une opposition entre les lieux de production des haches polies et leurs lieux de stockage et/ou d’utilisation puis de rejet.