Description
Pour la première fois, la collection Archéologie neuchâteloise consacre un de ses volumes à un site localisé au cœur du massif jurassien. Ainsi, ce 42e tome est dédié à la grotte du Bichon, une cavité ouverte sur le flanc droit de la vallée du Doubs, à une altitude de 846 mètres.
Depuis 1956, le Bichon est considéré comme un site préhistorique majeur de Suisse pour avoir livré un assemblage archéologique insolite, notamment composé des squelettes presque complets d’un Homo sapiens fossile et d’un ours brun adulte (Ursus arctos). Une vingtaine de pièces en silex – des têtes de projectiles pour la plupart – et des charbons de bois complètent l’inventaire. Douze dates radiocarbone signent la fréquentation de la grotte à l’Alleröd (XIIemillénaire avant notre ère) et confirment la présence de groupes humains aziliens dans cette partie du Jura.
Aven, repaire d’ours, sépulture ou habitat, autant d’hypothèses formulées depuis les premières découvertes des années 1950 pour expliquer la présence conjointe des deux squelettes – sans qu’aucune n’emporte véritablement l’adhésion. La détection ultérieure de minuscules éclats de silex fichés dans une vertèbre de l’ours a éclairé cette singulière association d’un jour nouveau – liant de manière dynamique l’homme et l’animal. La découverte de cet impact de projectile a permis d’élaborer un scénario d’interprétation alternatif : celui de l’accident de chasse. Elle a également motivé de nouvelles opérations de terrain, menées entre 1991 et 1995.
Les contributions de vingt-trois auteurs passent en revue tous les vestiges paléontologiques et archéologiques mis au jour au Bichon. Le squelette humain est abordé par le biais des méthodes classiques de l’anthropologie biologique. Les ossements de l’ours adulte et ceux d’un ourson sont étudiés dans une optique résolument archéozoologique. Les restes d’autres animaux documentent, quant à eux, l’histoire récente de la cavité. Enfin, les objets en silex sont analysés du point de vue des matières premières, des méthodes et techniques de fabrication ainsi que des traces d’utilisation.
Parce qu’elle a conservé les témoignages d’une situation archéologique rarissime à l’échelle de la préhistoire, la grotte du Bichon se différencie nettement des autres gisements aziliens connus dans la région ; en ce sens, elle est un site véritablement exceptionnel.